VIGNETTES JAPONAISES, 2008, 1/4 :

Atsushi Suwa : “Realist with compound eyes”

au Musée Sato de Tokyo, 2008

par Valérie Douniaux

Apres le calme hivernal, quelques vignettes sur la reprise de la « saison » artistique au Japon.

Je commence ce tour d’horizon par mon coup de cœur absolu de ce séjour, l’exposition des peintures de Atsushi Suwa « Realist with compound eyes », présentée dans un petit musée privé du centre de Tokyo, le musée Sato.

Je dois avouer n’avoir jamais entendu parler auparavant de cet artiste, pourtant apparemment déjà renommé bien qu’il ait à peine quarante ans, ni de ce musée, dont j’ai appris l’existence grâce à Mamoru, talentueux musicien japonais qui a réalisé l’habillage sonore, la « mise en ambiance », de l’exposition. Bien que je ne sois pas généralement une grande passionnée de l’art hyperréaliste, j’ai été bouleversée par la force profonde et silencieuse des œuvres de Suwa.

L’artiste a notamment exécuté une série très émouvante de portraits de Kazuo Ôno (ou Ohno), légende de la danse butô, et une autre, plus puissante encore, de son propre père sur son lit d’hôpital. Le reste de l’exposition présentait surtout des nus, notamment une très belle série intitulée « Sleepers », celle-là même mise en musique et en valeur par Mamoru.

 

Suwa n’hésite pas à affronter des sujets douloureux, à la fois profondément personnels et universels, tels que la mort et la maladie de personnes aimées. Cela peut paraître paradoxal, mais son travail me parait pouvoir réellement être qualifié de réalisme onirique ; la précision froide, quasi clinique, du rendu et de la lumière, s’y mêle à l’émotion et la poésie, tandis que l’artiste joue fortement d’éléments symboliques égrenés au fil des toiles.
Valérie Douniaux

Pour en savoir plus sur Atsushi Suwa : https://atsushisuwa.com/gallery/g-index.html