Art fairs à Bâle en juin 2007

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Cette année plus que jamais Bâle fut un marathon. C’est une vraie performance physique d’organiser ses visites. Il faut ménager ses pieds bien sûr, mais surtout son oeil, tout voir mais ne pas l’encombrer trop de mauvaises images qui parasitent, pour apprécier les bonnes, faire le tri rapidement, c’est toute une technique, comme ces “nez” qui ménagent leur odorat….

ArtBasel 38, Liste, Scope, Bâle Latina, Volta show07, le Concours fédéral et Design Miami/Basel, sept lieux pour l’aspect marchand,

Robert Gober au Shaulager, Brice Marden au Kunstmuseum, Edvard Munch à la Fondation Beyeler, le Vitra Museum, les situationistes au Musée Tinguely, cinq lieux institutionnels

Sans compter les vernissages de galeries comme celui de l’excellente Von Bartha dans ses tout nouveaux locaux, ou encore l’inédite preview de la société de Vente Koller qui avait déplacé tout son stock de Zürich pour le montrer pendant la Foire !!

Le compte rendu Bâlois que je vous propose cette fois-ci est en images.

ART/38/BASEL

Messe Platz 13 juin 07
Je commence avec ce magnifique cube en or, vu à “Galleries Art Basel”, qui pourrait résumer à lui seul toute l’ambiance de la Foire : du business, beaucoup de transactions à des montants insensés mais le tout dans l’élégance…ART GALLERIES


Galerie Konrad Fischer oeuvre de Yuji Takeoka

Cette petite installation est très nouvelle. Elle est de Bernard Roig – chez Marco Noire – Ce petit bonhomme se tape ou se tient la tête -on hésite- contre cet écran qui parle et le tance.. Les deux se répondent magnifiquement.

“Insultas al Publico”

 

 

Chez Marco Noire toujours l’on pouvait revoir les oeuvres que je vous ai déjà signalées d’un groupe d’artistes AES+F. Les sujets sont étonnants entièrement fabriqués.

 

Cette année il faut souligner l’élégante sobriété des galeries françaises Yvon Lambert, Emmanuel Perrotin ou Almine Rech. Pas de tape à l’oeil, pas d’oeuvres trop clinquantes et faciles. L’heure était au grand professionnalisme.
Quelques images ci-dessous :

galerie Yvon Lambert (volontairement flouté .)

galerie Emmanuel Perrotin

La palme de l’accrochage le plus immonde revient à la galerie Munro qui avait peint son stand en jaune citron. Imaginez plutôt la grâce et la délicatesse d’un dessin de Silvia Bächli sur ce fond jaune, comment est-ce possible ?

Parmi les très belles découvertes, cette année :

Pello Irazu -ci contre-
à la Galerie Lorenzo

très belle intervention de collages et peinture directement sur la photo semant le trouble sur la nature de l’oeuvre, photo ? ou peinture ? ou sculpture photographiée ? vraiment intéressant.
Reinhard Mucha -ci contre et ci dessous-Galeries Grasslin et Lurhing Augustine

On a une apparence d’oeuvre abstraite qui se construit au fur et à mesure qu’on la regarde l’artiste intervient sur tout, sur le cadre, sur la photo avec un souci d’équilibre entre les différentes interventions, vraiment très beau.

Claire Fontaine à la Galerie Reena Spaulings

Autre vraie découverte, ces briques d’argile cuite et recouvertes d’une jaquette de livre au titre lourd de sens bien évidemment. Très beau pour qui aime lire et apprécie le poids des mots…
Français toujours, le sculpteur Xavier Veilhan nous proposait cette statue non monumentale qui prend son sens lorsqu’on prend connaissance du titre “Robert”, assez drôle, et le nom de la galerie aussi, c’est un total concept…
galerie Andréhn-Schiptenko

 

Voici une pièce monumentale de 3 mètres de haut signée d’une jeune artiste allemande à suivre, Christina Doll, chez G.Michael Janssen. Il se dégage un je ne sais quoi de naïf chez cette grosse fille pleine nourrie au fast food, différent des gros bonshommes de Erwirn Wurm par exemple.

 

Erwirn Wurm chez Von Senger et la fontaine très originale au doux titre de “fontaine for Arthur Rimbaud” chez Krinzinger

Ci-dessous, sculptures des désormais classiques et somptueux Tony Cragg à la Galerie Ropac -image de gauche- et Thomas Schütte -image de droite- chez Nelson Freeman qui avait déménagé au rez de chaussée.

 

Technique amusante pour ce buste en silicone de Evan Perry à la galerie Sperone Westwater, qui donne un effet bluffant en trompe l’oeil.

 

à gauche, très en vogue en ce moment…si vous avez de la place à perdre, il en existe de toutes tailles et toutes couleurs…Très en vogue aussi cette année l’ombre chinoise sous toutes ses formes, grande, petite, découpée dans du papier noir , du caoutchouc sur support papier, sur mur directement etc…

 

effet réussi pour cette biche (?) délicate de Kokei Nawa
chez Scai Galery de Tokyo qui nous proposait aussi une très poétique vidéo de dessin numérique naïf de Julian Opie, excellent travail, bien meilleur que ses dessins lassants.

 

Bram Bogart, à mi chemin entre peinture et sculpture, une sorte de bas relief, qui n’est pas sans rappeler les oeuvres murale de Didier Marcel, mais celle-ci est de 1996… galerie Jacobson
Même esprit pour cette magnifique roche enserrée dans une plaque de fer. Elle est comme surgit de rien, c’est impressionnantMichael Helzer 2001 “negative sculpture”
chez Nelson freeman

A signaler un accrochage confidentiel de la Galerie Marconi qui avait placé un rideau à l’entrée de son stand. Ce simple rideau nous obligeant à devenir actif, rompait avec l’habituel coup d’oeil rapide..pas mal. A signaler une excellente vidéo de Nathalie Djurberg, sorte de condensé des relations mère/fille avec des figurines en pâte à modeler

Chez Metro Pictures, à signaler un Tony Oursler et Cindy Sherman

l’artiste Christopher Wool ci-contre, nous propose une toile peinte dans les trois sens si l’on en juge aux dégoulinures. La lecture en devient très intéressante. Voilà un sujet nouveau de recherche pour un travail sur toile, le sens de lecture, Baselitz avait commencé, histoire à suivre…

A voir Galerie Lurhing Augustine

 

Galerie Koyama, toile de Dennis Hollingsworth -à gauche- très en pâte qui a semblé plaire à des collectionneurs chinois… et à droite une installation de dessins de Yoshito Nava, façon gilles Barbier assez marrant..

Je ne peux passer à côté d’un Morellet sans vous le signaler. C’était Chez Dabbeni.

Chez le galeriste Faurschon, de très bonnes toiles classiques avec une belle profondeur pour un Munch, la touche généreuse de Baselitz et de belles harmonies colorées de Per Kirkeby.

pour une fois un bon Franck Stella, qui mérite d’être signalé à la galerie Jacobson

 

Chez l’excellente galerie Koyanagi, à signaler des Sugimoto mais anciennes, de très bons dessins de Tabaïmo plus baroques qu’à l’habitude, un magnifique dessin à la mine de plomb sur un fond rose ci contre de Atatu Sato

En peinture méfiance méfiance cette année, avec des propositions narratives trop nombreuses, souvent bien peintes mais d’un ennui total parce que n’apportant aucun sujet nouveau, trop classique. Je pense à Tilman Horning chez Lehmann ou Tal R. chez Contemporary Fine Art. Ne pas confondre avec les excellentes propositions comme Devriendt chez Loevenbruck (Volta Show) par exemple.

Autre méfiance, je ne comprends pas comment on peut encore proposer des dessins réalisés au Bic dans la mesure où l’on sait que le bic se détériore !!

pour les amateurs de peinture, cette année la galerie Grasslin était incontournable avec un oeil parfait et des propositions diverses, comme ci contre à droite la résine sur plexiglass de Helmut Dorner, Reiner Mucha déjà cité plus haut, ou Gunther Frog et ses intentions colorées ci-contre à gauche

 

Peinture encore il fallait signaler une étonnante présence de la toile en noir et blanc du chinois Shi Xinning qui représentait en pied et gros plan Mao pendant un cocktail avec une Ava Gardner insolente de beauté et d’éclat. galerie Ardnt and Partners.

Ci contre il s’agit d’une toile d’araignée faite de chaines en argent massif et installée au plafond. Chaine, argent, toile, araignée…que de symboles propres à faire travailler notre imaginaire ! résultat assez beau”This time” de Jim Hodge à la Galerie Friedman
excellent, ce tapis de soie dont les motifs représentent toutes les drogues connues..
CAN SAYINLI, Jorgen Evil Ekvoll, chez Galerist

 

une vraie performance technique pour Marcel Odenbach qui travaille le collage comme l’huile. Chaque morceau de papier est une touche de couleur. effet de matière assez bon.
c’était à voir chez Kern

 

Pas de totem ou de masque de verre cette année pour Marthine Pascale Tayou, mais des panneaux de bois noirs avec de la craie, comme un retour au début du début de l’art, très bon, une vraie réflexion décidément chez l’artiste.
à voir Galerie Continua

ART UNLIMITED / ART STATEMENT

La pièce d’en dessous a été présentée dans Art Unlimited par la Galerie française Jocelyn Wolff.
Elle est de Guillaume Leblond, un artiste que l’on reconnait. Il a une pâte, une signature incomparables. Je sais que certains seront dubitatifs à la vue de cette oeuvre majeure..mais elle contient tout ce que l’on attend de l’art. Elle intrigue, étonne, bouscule : c’est un cube massif de plâtre, très présent, que l’on ne peut rater. Il contient des fissures, montre des pièces brisées puis recollées, mais malgré toutes ces chocs et ces brisures il tient debout fier et droit. Ca ne vous rappelle rien ? ça pourrait être vous ou moi n’est-ce pas ?

Pour sa première apparition à ArtBasel, le galeriste français Kamel Mennour a opté pour le spectaculaire… avec Adel Abdessemed et Daniel Buren

Coup double magistral pour la première entrée sur ArtBasel du galeriste français Grégoire Maisonneuve,
avec l’installation de Mathieu Briand i-mages ci-dessous- dans Art Unlimited puis, dans Art Statement, la vidéo de l’excellente et déroutante Kerry Tribe qui hésitait entre la mise en abyme et/ou le détournement d’un format de talk show télévisé.

 

très belle installation de gigantesques ballons de Kathatina Grosse, comme des couleurs échappées d’une toile…ci contre les peintures de Chris Johanson, qui n’ont pas besoin de nous pour exister, elles se regardent toutes seules et feignent de nous ignorer ou quand l’art n’a plus besoin de personne..proposition extrême”Untitled” 2007

 

Ci dessus, Stephen Prina rend hommage aux plus grands peintres, à côté de chaque toile uniformément verte, un nom illustre, c’est sobre et superbe.
ci-dessus hommage aussi, ce sont les noms d’artistes écrits sur papier qui font le motif, émouvant. De Dave Muller “the way we live now”
les binômes sont nombreux cette année, ci-contre celui de Thukral & Tagra
Il ne suffit pas de “faire” chinois pour être bon, pour preuve cette installation qui n’avait pas d’intérêt.. les organisateurs de ARTBASEL/Art Statement nous ont habitués à plus d’exigence…
Zheng Guogu

Ambiance de chaos à tous points de vue “bullshit”….

A l’inverse il fallait s’arrêter sur :

Le ballet de néons de Raphaël Lozano-Hemer, chez OMR, dans Art Unlimited,

Magnifique univers pour Hans Op de Beck qui nous invitait dans un décor de Mary Poppins avec tous les ingrédients manège, neige etc…

Un magnifique “on water” de Tomas Saraceno : une dalle obscure avec un grand film plastique suspendu au plafond qui retient une immense flaque d’eau, un bon éclairage et l’effet superbe.

Dans le même esprit, l’univers poétique de Pierre Huyghes “l’expédition scintillante” : là aussi une pièce noire avec au cetre une boîte d’où sort de la fumée colorée par une lumière bleue, simplissime et très beau.

Etonnante et décalée la proposition de Helio Oiticica et Neville d’Almeida : une pièce sombre au milieu de laquelle trône une vraie piscine dans laquelle personne n’ose plonger…à bien y réfléchir, pas mal l’idée de l’oeuvre dans laquelle on n’ose pas aller etc…

Cette année fut encore une fois réussie mais rien de bouleversant dont je me souvienne avec une forte émotion, si ce n’est peut-être ce géant cube de plâtre de Guillaume Leblon. On aurait aimé retrouver de magnifiques artistes comme Barthélémy Togo, Pipilotti Rist, Louise Bourgeois dont on ne voit jamais de pièce monumentale à Art Unlimited, ou encore Kadder Attia… l’année prochaine ?

LISTE 07

Le premier lieu off de l’histoire de Art Basel, dans une ancienne brasserie :

“Mona Lisa toaster” de l’artiste danois Kristoffer Akselbo chez Kirkhoff,
est la pièce emblématique que j’ai envie de retenir de Liste

A signaler la présence de trois galeries françaises : Cosmic Galerie qui exposait Cyprien Gaillard, Schleiger Lange et Art Concept avec de magnifiques et rigoureuses photos recomposées de Julien Audebert

SCOPE

Excellent premier Salon, très bien situé à 10 mn de Messe Platz, de nombreuses jeunes galeries américaines débridées et de nombreux artistes excellents. Si je ne devais retenir qu’une image c’est celle-ci, l’étrange nature morte (des poumons) de Regina Virserius chez Eric Dupont

VOLTA SHOW

Volta s’installe dans une habitude qui ne lui va pas, un peu plus “pushy” l’année prochaine svp…
Etonnant ce dessin petit format ci-dessous, une représentation de “rien”, des casseroles dans un lave vaisselle, du tandem Quiparte and Ornelas et pourtant c’est très beau et très plein !

A Volta on pouvait rencontrer les galeries françaises Laurent Godin, Franck Elbaz et Loevenbruck

Béatrice Chassepot
4 juillet 2007


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