Frieze 2007

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FRIEZE 2007 “..so nice to see you”

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas : Frieze art fair était, pour sa cinquième année, tout simplement “really nice”, superbe. Internationale, équilibrée, de belles pièces et un public très jeune, ce qui laisse augurer de beaux jours au marché de l’art. Il faut dire aussi qu’ils sont entraînés outre manche par les “people” qui n’hésitent pas à collectionner et à le faire savoir. Et les galeristes réjouis par la bonne ambiance étaient tous “so nice to see you…”

catalogue

Alors que Art Forum Berlin regorgeait de collages pour Frieze 2007 c’étaient les miroirs ! “miroir mon beau miroir dis moi si je suis la plus belle ?”, ou encore “qui suis-je, où vais-je ?”. Telles semblaient être les préoccupations des artistes et galeristes cette année à Frieze Art Fair. Le travail le plus spectaculaire dans ce domaine étant celui que l’on trouvait chez Johan Köning de Berlin : deux miroirs placés en biais sur un mur comme un livre ouvert et tournent lentement sur un pivot. Le spectateur se voit dedans mais surtout son image tourne en même temps et se retrouve tête en bas sans avoir réellement bougé.

Ou bien encore ce miroir brisé -ici avec reflets- de Kaz Oshiro, chez Yvon Lambert
Une très belle découverte -ci-contre- avec un peintre
Stef Driesen
Après avoir consulté le catalogue de l’artiste, je peux vous dire que là, les sujets sont étonnants, surprenants.
C’est incontestablement un artiste à suivre de très près chez Alison Jacques Gallery à Londres.
Deuxième très belle découverte d’artiste, Rachel Harrison chez Green Naftali de New York, qui présentait une sculpture assez haute, d’une présence impressionnante. Le matériau travaillé est tout simplement une couverture de déménageur -on pense forcément à Beuys- dont on pense qu’elle recouvre une statue d’homme. La dynamique interne est vibrante, la lumière circule admirablement dans et autour de la pièce, les dimensions sont idéales, le travail est puissant. A regarder de plus près son catalogue, Rachel Harrison fait un travail remarquable, à faire connaître encore mieux de toute urgence.

 

 

 

Excellente proposition aussi de Sarah Opeinheimer qui joue avec l’architecture comme d’autres avec l’illusion d’optique. Elle a fait une saignée dans un mur à trois côtés. La coupe de la saignée est telle qu’elle modifie l’emplacement des angles selon le côté du mur où l’on se trouve, très étonnant.
Chez Annely Juda Fine Art

 

Pas mal aussi la force de cette pièce faite de tissus cousus et tendus comme des couleurs sur une toile, de Cosima Von Bonin chez Friedrich Petzel.

Et puis toujours intéressantes, les installations en 3D de May Mc Kenzie et Lucie Desarmory chez Daniel Bucholz.

 

 

 

Mais dans ce genre, la toute jeune artiste Mathilde Rosier présentait une installation plus énigmatique et plus intéressante, chez Iris Kadel de Karlsruhe.

Hans Op de Beck quant à lui élargit sa palette et nous propose une photo noir et blanc magnifique. Intérieur de bureau masculin, étagères chargées de livres sur la droite, à gauche une table bureau sur laquelle un homme mur est à moitié assis, un mug à la main, l’air penseur un peu las et pensif. Composition, couleur sujet, tout est parfait.

 

 

Chez Krinzinger. A voir également chez eux un amusant châssis recouvert d’un chandail en laine verte avec une manche de l’inénarrable Erwin Wurm

 

 

Le très médiatico/people David Lachapelle s’essaie à la fresque narrative avec une photo très composée mais dans ce domaine désormais le groupe Russe AES+F , chez Jablonka est meilleur…

Cette année on peut remarquer de bons artistes qui pourraient revendiquer sans rougir une filiation avec Thomas Hirschorn : Birgit Brenner à la galerie Eigen Art de Berlin montre une rage, une colère avec peu de moyens c’est étonnant. Ou encore, mais en moins puissant, Bernd Krauss – à gauche- et Susanne Bürner, chez le galeriste Giti Nourbakhsch.

 

 

 

En ce qui concerne les galeries,

Cette année excellent accrochage de la galerie Almine Rech qui nous proposait une harmonie noire. Toutes sortes de noirs, joyeux, tristes, musicaux ou froids. Souvent, ce genre d’exercice tue la “personnalité” de l’œuvre et ce n’était pas le cas ici.

 

White Cube avait également une excellente présentation avec des œuvres dont la taille ne nécessitent pas de déménager dans une superficie insensée pour les acquérir. Une sculpture, touchante et obscène à la fois, de siamoises des frères Chapman et un très bon Gilbert and George.

 

La galerie Nicolai Wallner a dédié une partie de son stand à une installation de Michael Elmgreen et Inga Dragest. Un couloir étroit et long rempli d’une multitude de photos noir et blanc de petits format, encadrées de façon ordinaire comme vous le feriez pour vous. Sujets de la vie privée offerts aux yeux de tous qui nous donnait envie de s’excuser d’avoir pénétré dans ce corridor. Ce mode de présentation n’est pas nouveau mais, là le contenu, la dimension du couloir, tout était bien.

 

 

 

 

Parmi les différentes manières d’habiter un stand, celui de la Galerie Massimo Carlo qui avait laissé ses murs à John Armleder, avec une sorte de patchwork fait de bandes diverses, ou… quand un “truc” se tranforme en déco…

 

 

Pas mal chez Thaddaeus Ropac avec notamment quatre beaux autoportraits, sans concessions aucune de Robert Mapplethorpe. Une huile sur toile de Alex Katz, un grand paysage bleu, qui n’a pas encore trouvé les mêmes effets de vide qu’il arrive à produire avec ses portraits.

Et une huile de Bernhard Martin
ci contre dont je ne sais encore quoi penser…

 

La galerie Marconi elle, est sorti de sa “bouderie” bâloise -lire chronique de juin 07- pour nous proposer un stand ouvert sur deux côtés cette fois (!) avec toujours l’amusant travail de Nathalie Djurberg qui anime des personnages de pâte à modeler et fait des histoires acides.

 

Le galeriste madrilène Pepe Cobo, avait pris le parti environnemental en habillant son stand de faux gazon, murs et sol, pour présenter ses artistes.

 

Des murs de défense épais, en dur, peints en noir avec des mâchicoulis, c’était le stand impressionnant de Eva Preshenhuber, fallait il comprendre qu’elle sait se défendre dans la jungle du marché de l’art ?

 

 

Assez réussi en revanche, celui de la Team Gallery que les artistes Gert & UweTobias ont installé avec des formes géométriques au sol pour que l’œil soit guidé vers les œuvres.

 

 

Très show off -parce qu’il en faut dans une foire- la Victoria Miro Gallery qui présente une installation de tentacules de Yayoi Kusama et une voiture qui tourne avec une stripteaseuse…

 

 

 

La galerie new yorkaise Casey Kaplan montrait une reprise en tout petit format d’une sculpture de Henry Moore sur laquelle l’artiste, Simon Staring, avait collé des moules, les crustacés.

En quelque sorte l’audit d’un sculpteur sur l’état de la sculpture de nos jours.

 

Dans la galerie anglaise Emily Tsingon, Peter Callesen s’essaie -une tendance actuellement- aux boîtiers contenant des papiers découpés dont les formes tombent au fond du cadre.

 

 

Une huile sur toile de Phillipe Pasquet (l’orthographe du prénom est bien celle-ci) un grand 3/4 de portait d’homme nu avec des zones trop travaillées et des épaisseurs incroyables de peinture aux endroits qui ont posé problème au peintre…galerie Patrick Painter Inc.

Chez London 94, Lorna Simpson avait installé un mur entier de représentation de postiches et perruques vues de dos, qui, à force d’accumulation nous donnait envie d’imaginer toutes sortes de visages possibles.

 

 

Gouache cette fois avec une manière intéressante de l’appliquer, par couches sans aucun retrait avec Peter Strauss chez Aurel Sheibler.

 

 

 

Impressionnante installation comme un escalier fait de 13 barres fines sur lesquelles défilent rapidement des mots forts “destabilize, Iraqui defeat, scenoario of compromize etc.“.- qui rentrent dans le mur. Bel effet, de Jenny Holzer chez Monica Spruth.

 

 

Chez David Zwirmer, série de 9 très bons collages, petit format, de Marcel Dzama sur canson noir.

 

Sadie Coles nous présente un bronze noir “Yoko XVI”,avec son déhanché élégant, un brin provoc. Décidément que ce soit en noir ou blanc, le sculpteur britannique Don Brown est toujours magnifique de justesse.

 

 

 

 

Metro Pictures nous montre le travail de Wilcox, une vidéo de Jacky Kennedy et une photo d’elle nue qui nous montre qu’elle ne pratiquait pas l’épilation maillot brésilienne….aucun intérêt.

A signaler un grand papier de Kiki Smith que l’on n’avait pas vue depuis un moment il me semble. Chez Thimothy Taylor Gallery.

 

 

 

Chez ACME de Los Angeles,  un grand n’importe quoi, qui, finalement, sert de faire valoir aux autres.

 

 

 

A le grand  moins que l’on préfère le grand bazar de Gavin Brown Entreprise, rempli de brocs à acheter, sans qui les anglais ne seraient pas tout à fait ce qu’ils sont….

 

 

Un ancien, Dubuffet qui fait figure d’OVNI dans cet univers contemporain, mais qui tient bien la route chez Waddington Galleries.

Plus que jamais les galeries doivent continuer ce rôle d’œil exigent en ne montrant que des travaux solides. Au fil des visites de Salons et Foires, que je me rends compte à quel point une présentation moyenne ou un choix médiocre de pièce, d’un très bon ou d’un bon artiste, peut saboter en une seule fois sa carrière. C’est la leçon que tous les acteurs de Frieze, organisateurs et galeristes, ont retenu de l’année dernière en redressant sacrément bien et vite le niveau pour nous offrir une excellente Foire.

 

D’autres salons off à voir dans Londres,
Zoo Art Fair qui était paraît-il très bon, Bridge Art Fair, Pulse Art Fair et….. Year_07, Art Projects.

 

Year_07, Art Projects

Vous n’en n’avez pas entendu parlé ? en effet absolument rien ni personne ne l’a annoncé, journaux spécialisés ou non, en français ou en anglais, nulle part, ou encore dans la ville, nada.

Arrivée devant le bâtiment j’ai failli repartir ne voyant aucune bannière d’annonce, je pensais m’être trompée. Puis la vue d’un discret panneau en format A3, posé par terre, m’a signalé qu’il s’agissait de la bonne adresse. Et là…je suis entrée de plain pied dans une œuvre d’art, une installation, un concept à elle seule, je veux parler de l’organisation de ce salon.

C’est le salon le plus labyrinthique et complexe qu’il m’ait été donnée de voir jusqu’à présent. Mais qui a conçu ce truc ? jamais vu ! j’ai même du mal à imaginer la description que je peux vous relater…j’essaie quand même. Pour commencer on entre dans ce grand bâtiment très anglais le County Hall, très haut et plein de boiseries, où s’étaient tenues les expos de Saatchi sur le Triomphe de la peinture. Austère l’endroit. On me dit que les galeries s’étalent au rez-de-chaussée et à l’étage. Déjà au rez-de-chaussée, aucun stand avec des murs à angle droit, tous étaient à angles aigus voire très aigus dans une disposition non rationnelle et, par conséquent, s’imbriquant parfois l’un dans l’autre. A l’étage il a fallu parcourir 3 km d’un corridor sans fin pour deviner finalement qu’il y avait des galeries cachées là bas au fond…avec la même disposition étrange des stands dans une exiguïté très….exigue !!

mais où est-ce ?

 

Bref, je ne vais pas remuer le couteau plus longtemps dans la plaie des galeries qui avaient fait le choix de ce salon. Pas moins de 60 galeristes dont 47 non britanniques ont fait le déplacement outre manche, “tout ça pour ça” pensaient ils tous majoritairement. Ils affichaient une mine maussade.

Et, bizarrement, je ne sais si cette difficulté de trouver son chemin y était pour quelque chose, parcours initiatique…mais le fait est que l’on prend comme un cadeau toute nouvelle découverte. Cadeau d’autant plus beau que tous les galeristes présents sur ce salon étaient remarquables !

Etaient présentés majoritairement des papiers -dessins collages, photos- toutes les présentations étaient homogènes ; de nombreuses galeries américaines étaient présentes et deux galeries françaises : Anne Barrault et GModule ci dessous.

Carl d’Avia chez GModule
Qubogas à la galerie Anne Barrault

 

 

 

 

 

 

 

Year_07, Art Project, à l’année prochaine pour un 08 avec les mêmes galeries mais un autre organisateur !

Béatrice Chassepot, Paris le 20 octobre 2007

 

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