la Société des Amis du Musée d’Art Moderne, Paris

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PORTRAIT D’UNE SOCIETE “EXTRA ORDINAIRE”

Le 30ème aniversaire du Centre Georges Pompidou vient d’être fêté à en croire l’excellente couverture médiatique de ce dernier mois.

Tout a été évoqué, de l’utopie magnifique jusqu’à l’interview radio du personnel, fort érudit, mais rien, absolument pas un mot sur la Société des Amis du Musée d’Art Moderne -MNAM- Evidemment vu de l’extérieur, on pourrait penser qu’il s’agit d’un regroupement amical comme il en existe beaucoup en France destiné à assister à quelques petites conférences entre amis…des spectateurs en somme, en effet, c’est ce que l’on pourrait croire.

Or, les Amis du MNAM -bien plus contemporains que modernes d’ailleurs- sont bien plus intéressants que cela et méritent qu’on les salue pour un partenariat irréprochable et discret avec le Centre Georges Pompidou qui ne serait pas pleinement ce qu’il est s’ils n’existaient pas. Qu’ils me permettent le temps de cette chronique de les sortir de l’ombre et de rendre à César….

Anselm Kiefer © Anselm Kiefer La vie secrète des plantes, 2001-2002 Ensemble de 10 tableaux Branchage trempé au gesso fixé par du fil de fer sur feuilles de plomb collées sur toile – 380 x 1500 cm (6 éléments de 190 x 280cm, 4 éléments de 190 x 330cm)

A l’’occasion du centenaire de la Société des Amis du Musée en 2003, une œoeuvre majeure d’Anselm Kiefer a été offerte au Centre Pompidou grâce à la générosité de nombreux donateurs.

Le Centre regorge de publics en tous genres, et pourtant les Amis du MNAM lui sont indispensables car ils sont un peu différents. Il s’agit d’une amitié particulière, non celle qui vous fait vous retrouver autour d’un vin chaud à taper le carton mais une amitié qui se crée ponctuellement autour d’un même enchantement lors de la découverte d’une œuvre sublime, au détour d’un atelier ou d’une galerie. C’est en effet une Société composite dont le dénominateur commun est la passion de l’art, l’étonnement que chacun peut en retirer pour ensuite éventuellement, le collectionner.

Car c’est bien le mot collectionneur qui fait la différence. La toute première Société des Amis du Luxembourg* -1903- à l’origine des Amis du MNAM a été constituée par de riches collectionneurs qui souhaitaient constituer un fonds de “leur choix” pour l’offrir au Musée du Luxembourg. Plus tard ils ont initié des expositions, puis un peu plus d’acquisitions, ils ont fait des dons, ils ont co financé avec les ministères des acquisitions onéreuses, obtenu des lieux dignes pour exposer les fonds, bref ils ont souhaité aider à leur manière à la constitution d’un fonds publics d’œuvres d’art.

Au fil des années la Société a grandi, les partenariats, les lieux d’exposition ont évolué mais le collectionneur reste et donne tout son sens à l’activité de la Société. Actuellement un membre des Amis du MNAM a un bon œil qui dépasse les anciennes notions de “beau/pas beau”, une certaine vision de l’art qu’il souhaite faire partager à autrui grâce à des dons ou des participations aux acquisitions dans des proportions assez importantes maintenant. Il ne faut pas que les directeurs du Centre l’oublient, combien d’œuvres majeures n’auraient pas pu être achetées sans les “Amis” et qui seraient ainsi parties enrichir d’autres Musées…

marie stephane de sercey F-Treves
Mais par dessus tout, c’est la volonté de François Trèves (Président depuis 1995), l’impulsion déterminante de Marie Stéfane de Sercey et la curiosité de Laurence Perrillat, qui ont fait rentrer la Société des Amis du MNAM de plain pied dans l’art contemporain. Car ils le savent, un oeil se travaille, et peu à peu ils ont su ces dernières années se renouveler et amener toute une bonne partie de leurs collectionneurs adhérents vers les champs improbables de l’art contemporain. Comment amener des personnes qui collectionnaient Matisse ou Picasso à s’intéresser à Didier Marcel ou Tony Oursler ? ce pari impossible les acteurs des Amis du MNAM l’ont tenu et sont en train de le gagner si l’on en croit le nombre de visiteurs/collectionneurs qui suivent les visites/conférences/journées etc.. organisées toute l’année…

Pour exemple, voici ci-dessous résumée, très résumée, l’action des Amis du MNAM dans le rapport d’activités 2005 du Centre Pompidou :

7.7.4 LA SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE

La Société des Amis a poursuivi sa politique de soutien à l’enrichissement des collections du Mnam/Cci, notamment en contribuant à l’acquisition de l’œuvre majeure de Cy Twombly, Achilles mourning the death of Patroclus, exposée dans Big Bang. Elle a, par ailleurs, reconduit le Projet pour l’art contemporain grâce à la générosité des 34 membres. Lancée en 2002, cette initiative vise à inciter ses membres à s’engager dans la promotion de l’art le plus actuel. Dans le souci de défendre la scène française, une partie du budget est attribuée aux artistes vivant en France. En 2005, ce sont les œuvres très contemporaines de Wang Du et Leandro Erlich, de Valérie Favre, de Janaina Tschäpe, ainsi que de Wilhelm Sasnal, qui ont ainsi pu être acquises pour intégrer les collections du Centre Pompidou/Musée national d’art moderne.

Les activités proposées aux membres de la société correspondent autant à sa mission de diffusion de l’art moderne et contemporain qu’à son désir de remercier les amis qui s’efforcent de soutenir le Centre Pompidou par leur engagement personnel et financier.

Cette année s’est distinguée par la densité de la vie associative :
– 57 visites d’expositions à Paris (dont 14 au Centre Pompidou) et en Île-de-France ;
– 3 visites de chantier : le Musée du Quai Branly, le Grand Palais et le MAV/VAL de Vitry
– 32 rencontres avec des artistes dans leur atelier ou leur galerie ;
– un déjeuner-conférence autour du projet du Centre Pompidou-Metz ;
– des visites de collections privées ;
– un voyage en Chine, qui a permis à 29 membres d’être présents lors du vernissage à Pékin de l’exposition Nouvelles Vagues
– un voyage en Turquie à l’occasion de la Biennale d’Istanbul ;
– une journée à Lyon et à Saint-Étienne pour les expositions Andy Warhol, Gilbert et George et des collections photographiques du FRAC ;
– une journée en Bretagne, au Domaine de Kerguehennec, à l’occasion de l’exposition d’Ernesto Neto ;
– une journée à Lyon sur les différents lieux de la Biennale d’art contemporain et sur l’exposition Braque/Laurens.

Toutes ces visites, ces rencontres, tous ces voyages servent à former, parfaire, aiguiser l’œil des collectionneurs/amis du musée qui sont le terreau de l’association. Vous rencontrez parmi ces visiteurs discrets dont l’œil virevolte, des personnes assez âgées à l’ouverture d’esprit incroyable qui en connaissent beaucoup plus en art contemporain que n’importe quel historien d’art , si vous dressez l’oreille vous entendez des critiques assez audacieuses et pertinentes.

La société des Amis aurait pu s’arrêter à leurs contributions aux acquisitions grâce aux dons et cotisations qui atteignent des niveaux importants mais non, l’équipe des Amis du MNAM a poussé plus loin ses propositions en suscitant de futures jeunes vocations de collectionneurs avec le programme “Perspective” destiné au 25/35 ans : “Grâce aux cotisations des participants, Perspective permet l’acquisition d’œuvres choisies avec la complicité du Directeur du Musée et des conservateurs au profit des collections du Centre Pompidou”, fantastique possibilité…

Pierre Huyghe © Adagp, Paris, 2006 This is not a time for dreaming, 2004 Installation vidéo ”

A l’occasion du dîner organisé au profit des acquisitions, qui a réunit 588 personnes dans les espaces du Musée, la Société des Amis du Musée a remis au Centre Pompidou l’oeuvre de Pierre Huyghe

 

Autre piste initiée par François Trèves et son équipe, le “Projet pour l’art contemporain” :

Créé en 2002, le Projet pour l’art contemporain s’adresse aux amateurs d’art souhaitant s’impliquer plus activement dans le soutien de la politique d’acquisition du Centre Pompidou. Grâce à leur générosité, les membres du comité, avec la complicité du directeur du Musée et des conservateurs engagés dans le projet, acquièrent des œuvres issues de la création la plus contemporaine.

exemple d’acquisition par les Amis du MNAM dans le cadre du Projet pour l’art contemporain créé en 2002 :

Janaina Tschäpe © Janaina Tschäpe Blood sea, 2004 Installation vidéo

 
Jamais, sans ces Amis très particuliers des expositions majeures comme Big Bang ou Africa Remix en 205 n’auraient eu l’écho qu’elles ont eu. Car enfin qui fait la réputation des expositions contemporaines ? pour le court terme les critiques, journalistes et le public mais pour le moyen et long terme ce sont les collectionneurs qui achètent l’œuvre de l’artiste qu’ils ont adoré lors de telle ou telle expo. C’est à ce moment là que le marché se fait, qu’un artiste commence à sortir de ses murs, il faut n’avoir aucune pudeur à le dire, l’impudeur serait de l’ignorer. Soyons fiers qu’en France, enfin, des collectionneurs s’intéressent à l’art contemporain.

Cet intérêt qui produit un public, des amateurs éclairés puis des collectionneurs et donc une vie d’artiste, une vie de galerie, un marché, ne naît pas ex nihilo, ce sont des passions organisées qui les transmettent et les font vivre comme la Société des Amis du Musée d’Art Moderne. Merci à elle de faire vivre de cette façon si particulière le Centre Georges Pompidou. Collectionneurs, n’hésitez pas à vous inscrire !
Béatrice Chassepot
le 28 février 2007

*l’historique de la Société des Amis est admirablement résumé dans “L’essentiel en jeu”, 1903-2003. Le centenaire de la société des Amis du Musée national d’art moderne” d’Amélie Blanckaert dans la collection des Cahiers du Musée (actuellement épuisé)

Pour consulter le site, et/ou vous inscrire à la Société des Amis du Musée d’Art Moderne, clik ici

 

 

 

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