Art Brussels 2008
Quelques jours après Art Paris, Art Bruxelles 2008 nous réconcilie avec l’art et ses marchands. Ici pas de diktat esthétique pour les besoins d’une certaine clientèle x ou y, c’est très clairement l’exigence de l’œil qui prédominait. Art Bruxelles est la preuve que l’on peut être généraliste et singulier.
Cette exigence trouve probablement son origine dans la composition des comités de sélection. La sélection n’est pas le fait d’un commissaire général mais de deux comités : l’ « International selection comitte » composé de neuf galeries dont seulement deux belges et le « collectors committee » composé de neuf collectionneurs. On imagine sans mal la montagne de dossiers examinés, les discussions passionnées qui ont dû être nécessaires pour arbitrer mais ici, à part égale, les deux maillons du marché se sont unis pour le meilleur
Une disposition des stands astucieuse
S’ils sont essentiels les choix ne font cependant pas tout. La scénographie compte aussi. Cette année le salon a été déplacé dans d’autres pavillons. Ils étaient moins solennels, plus bas de plafond, plus éclairé aussi par la lumière du jour, plus joyeux en somme. Ensuite la disposition des galeries était intelligente. Les petites jeunes appelées « young talent » et les petites nouvelles « first call » disposées aux bords des deux halls entouraient les galeries plus établies créant ainsi une dynamique où les unes et les autres s’échangeaient calme et énergie. Dans cette mixité organisée des galeries émergentes/établies, Art Bruxelles est meilleur Art Basel, parfois confus…
La collection d’entreprise encouragée


Je ne pouvais que commencer ce tour des galeries par ce clin d’œil de Claude Closky avec un plan de la « Fiac 2006 » sur lequel est tracé un trait indiquant le parcours suivi par le visiteur qui commence bien sûr par l’entrée, passe consciencieusement dans toutes les travées et va inéluctablement vers la sortie. Sorte de constat visuel sur l’aspect somme toute dérisoire de ce marché de l’art.
C’est évidemment hilarant pour moi, car cela fait écho, à l’application rigoureuse de mes propres déambulations dans les Salons que je parcours pour vous, cher lecteur… d’ailleurs si l’un d’entre vous veut me l’offrir, j’adorerais….c’est chez Laurent Godin
Encore un cadeau mais non là c’est trop ! merci !!


Focus sur les propositions murales

Intéressant.
Exposition des dernières productions de Michel Huelin : des photos hyper composées et une video -ci-contre- qui décompose/recompose les gestes que l’on retrouve en images
Ci-contre, il s’agit d’un panneau fait d’objets en plastique à la manière industrielle. Très bel effet d’ombres lumière etc..de Carla Mattii
La toile, ce champ de tous les possibles…
Jan Wertrup traduit magnifiquement la lassitude du personnage accentuée par cette page blanche qu’il nous -spectateur- reste à finir et lassitude du peintre avec un épuisement du geste qui peut traduire un “-à quoi bon continuer”


Timothy Tompkins, lui, revisite la technique via son ordinateur à partir de toiles célèbres. La recherche est amusante et permet de constater que, en peinture, chaque sujet doit trouver sa propre technique pour exprimer le plus complètement l’intention de l’artiste. Ici, un sujet emprunté et adapté avec une autre technique fait un flop, effet déco assuré.




Excellent salon qui mêle pragmatisme, avec des supports “achetables”qui peuvent intégrer n’importe quel appartement, et audace, par les choix de galeries nouvelles assez singulières qui manquaient au paysage européen.
Béatrice Chassepot, Paris le 19 avril 2008