La force de l’Art 01 au Grand Palais

Pour commencer dans quelles conditions s’y rendre ? habillez vous très léger …. chaussures confortables et munissez vous d’un éventail : vous allez vous retrouvez dans un espace de 7000 m2 sous verre, autrement dit une couveuse. Bien que le temps parisien soit maussade et frais à l’extérieur, la chaleur à l’intérieur est insupportable. Je commence cette chronique par ce détail qui n’en n’est pas un car l’inconfort physique confine parfois au malaise tant il y fait chaud et l’on a tendance à survoler les œuvres plutôt que de s’attarder à la compréhension du concept artistique…
Le commissaire général a choisi de déléguer et partager cette charge avec 15 commissaires -critiques d’Art, directeurs de centres d’Art, historien d’Art et un seul artiste- qui avaient carte blanche pour occuper 15 lieux eux-mêmes divisés et confiés à des artistes. Système de délégation arborescente tentaculaire trop vaste à mon sens, qui dilue les responsabilités et donne un sentiment de « c’est pas moi c’est l’autre », dilue et gomme l’intention artistique, l’argument principal si tant est qu’il y en avait un.
Ceci dit, il est évident que cette manifestation a le mérite d’exister, ce sont les ratés et les défauts qui font grandir. Il y a à voir, beaucoup à voir dans la couveuse :
A retenir aussi la proposition d’Eric Troncy « super défense » qui a conçu son lieu en un chemin cohérent : constat, destruction, chaos, puis renouveau avec notamment la sublime salle blanche ou trône majestueuse la danse (sculptée) de Xavier Veilhan, un très bel homme debout de Gloria Friedmann et un clin d’œil inénarrable de Pierre et Gilles qui nous montrent un immonde portrait du collectionneur et désormais Vénitien François Pinault en capitaine Némo…
La peinture est quantitativement bien représentée comparativement à la photo, grande absente, mais on peut regretter des absents. Dommage, les Desgranchamps ne sont pas les meilleurs. Un très beau Rebeyrolle « les deux amies », un très beau « passeur » de Ronan Barrot, un Judith Reigl et quatre acryliques sous verre de Olivier Mosset, infiniment plus intéressantes à mon sens que les « noirs » de Daniel Walravens
L’espace « Interpositions » de Paul Ardenne, historien d’art, est probablement l’un des plus intéressant en terme de recherche mais il s’agit d’une exposition tout public et je regrette le manque de minimum d’explications écrites, notamment pour la pièce de Loris Gréaud dont on « sent » le sens mais que l’on ne comprend pas.
Restez en haut, sur cette plate forme appelée « le bar des acariens » de Jean Luc Vilmouth et contemplez. On est suffisamment haut perché pour avoir un point de vue plein d’enseignements, avec un côté maison de poupée dont on s’apprête à bouger les meubles, quelque chose de l’ordre du papier mâché, de l’éphémère, du décor de théâtre. Bizarrement, on a le même principe à la Foire de Bâle, avec la coursive de la partie “Unlimited” et cela donne un point de vue supplémentaire pour mieux voir les installations, mais on n’a jamais cette impression de légèreté, de fragile…..Les métaphores peuvent être nombreuses comme celle aussi plus politique, des marionnettes si l’on considère le commanditaire de cette exposition mais au final qui est là haut perché ?? le spectateur… béatrice chassepot