Première vue au Passage de Retz
Courrez vite s’il est encore temps…Pour la quatrième année consécutive Michel Nuridsany et Valérie Maffioletti nous régalent de leurs choix étonnants.
Le lieu superbe est propice à accueillir du beau. Un Hôtel Particulier dans une petite rue du 3ème arrondissement, une vaste cour pavée claire et des vasques de fleurs qui nous indiquent l’entrée, l’endroit est très français, très parisien « charmant ».
A l’image des musées américains, le premier endroit où l’on passe, le passage obligé est la boutique. Nous faisons la connaissance de la sympathique commissaire d’exposition, Valérie Maffioletti qui nous invite à regarder, dans cet espace de vente, deux œuvres d’art à vendre, un cahier d’écolier très amusant rempli de lignes dans tous les sens et par conséquent inutilisable pour l’apprentissage de l’écriture, ce petit cahier décline à lui seul toute un gamme de symboles sur l’apprentissage, l’enfance, l’école propices à faire vagabonder notre mémoire. Nous devons l’autre œuvre/objet à vendre à Elvire Bonduelle. Elle est composée de deux plaques de chocolat, en céramique, proposées comme dessous de plat, c’est moins profond de sens mais amusant.
Après la mise en bouche nous pénétrons dans la première salle, je retiendrai une vidéo de Maia Jancovici (France) qui projette des feuillages sur le sol. Simple et beau cette empreinte mouvante. Puis c’est au tour de la Bulgare, Rada Bukovar qui nous propose sa version toute personnelle des graphiques trouvés dans des revues économiques, ils deviennent volume en carton, intéressant.
La pièce suivante est accueillante, beaux volumes, bel éclairage et vue sur jardinet vert. Une vidéo représentant une main qui dessine attire tout de suite le regard. Mais que veut il dire par tant de banalité? et puis si l’on prend le temps, on se laisse piéger, plutôt embarquer est plus exact, et nous rentrons dans un monde aux mille sens, aux mille signes, le volume d’un verre devient plat car il est placé dans un carré. Tout se déconstruit et se reconstruit, le sens du trait, du plein, du vide, du volume. Etonnant, n’oubliez pas ce nom : Luc Sessense (Taiwan). Puis deux œuvres de Guillaume Poulain dont je retiendrai le dauphin (jeu de plage) rempli d’eau…de mer sans doute ? Mes yeux s’arrêtent sur une pièce est en métal foncé il s’agit d’un parallélépipède, brut, haut, anguleux puis, légèrement déçu, l’œil parcourt l’objet et trouve un bouton à tourner, je tourne,,une musique de boîte à musique investit toute la colonne puis la pièce, c’est étrange cette rigueur et cette douceur mêlées, très émouvant, merci à Kathrine Svendsby (norvège).
Nous poursuivons dans une autre très belle salle où de fines colonnades maintiennent une galerie haute. Je retiendrai l’œuvre intéressante de la française Florence Girardeau : une vidéo de personnes filmées à l’endroit mais montrées à l’envers comme des chauves souris, et une autre vidéo représentant une surface blanche où se fracasse un poing à intervalles réguliers..la surface à l’endroit du coup devient noire puis gris puis à nouveau immaculée, un beau résumé de la vie ?
Il faut saluer ici la démarche du Commissaire d’exposition, Michel Nuridsany, qui souhaite développer l’idée d’art contemporain au Cambodge et est allé chercher deux artistes qui nous sont montrés là : Sopheap Pich et linda Saphan.
Dans la galerie haute trois toiles impressionnantes par la gestuelle et les vibrations colorées du Lillois Raphaël Duchange. Puis un très beau coin en pâte à modeler orange, qui contrarie l’architecture. Amusant, nous le devons à la française Maia Jancovici, la projection de feuillages du début c’était elle…la boucle est bouclée.
Un bon œil ce Monsieur Nurisdany, merci à lui.
Béatrice Chassepot, Paris le 9 septembre 2005