AFRICA REMIX, Exposition au Centre Pompidou

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du 25 mai au 8 août 2005
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Yinca Shonibare : Victorian Philanthropist’s Parlour, 1996 – 1997 (Le salon du philanthrope victorien) Installation technique mixte – Dimensions variables Collection Eileen Harris Norton et Peter Norton, Santa Monica, Californie courtesy Centre Pompidou

AFRICA REMIX

 

AU CENTRE GEORGES POMPIDOU
Commissaire principal de l’exposition :
Simon Njami assisté des commissaires Marie Laure Bernadac et Jean Hubert.
El Anatsui "Super Jumbo" courtesy the artist
El Anatsui “Super Jumbo”
courtesy the artist

Un jour pas comme les autres, aujourd’hui. C’est le printemps mais pourtant c’est l’automne tellement il fait froid et gris, mais je sais que dans deux minutes, le sale temps sera oublié, magie de l’art qui plonge dans un oubli du monde extérieur,.

La commissaire d’exposition s’avance vers notre groupe et nous commençons la visite, sur un pas quasi militaire, j’en conclue qu’elle a probablement un rendez-vous dans peu de temps. Mais tout ceci n’a aucune importance, ses propos sont passionnants.

Nous comprenons que nous lui devons cette halte de l’exposition à Paris, sans quoi il n’y aurait eu que Düsseldorf, Londres et Tokyo. A mi-parcours, je trouve le chemin, la mise en espace complexe presque labyrinthique et j’émets l’hypothèse amusée que le Louvre a contaminé notre charmante commissaire d’exposition dans cette façon de rendre les parcours impossibles sans boussole (elle est la responsable du département Art Contemporain du Louvre depuis peu). Mais non la réalité est toute autre. L’exposition a été conçue et réalisée par trois commissaires d’expositions qui n’avaient pas forcément le même avis sur la manière de montrer l’art africain et les artistes. Ils ont conclu que cette controverse et/ou diversité reflétait l’état de la création sur ce continent, et qu’il fallait par conséquent la montrer ainsi.


Trois axes ont été dégagés pour dessiner l’architecture des lieux : identité et histoire, ville et terre, corps et esprit, autour d’une seule et même idée directrice le Remix ou autrement dit le métissage d’œuvres mêlant le contemporain à la tradition, mêlant les influences diverses des lieux de naissance purement africains qui sont quittés par les artistes pour des raisons économiques ou politiques pour des lieux de résidence européens comme la Hollande ou la Belgique, rarement la France, regrettons-le, même pour les artistes africains francophones.

De petits espaces sont attribués aux artistes (on se croirait au grand marché d’art contemporain de la Bastille). Je découvre l’humour de Yinca Shonibare qui installe un intérieur très Victorien avec des tissus (murs, fauteuils, poufs) exclusivement africains.

Puis l’égyptienne Gadha Amer et ses toiles, sur châssis, brodées ou plutôt des fils incérés dans la toile comme des piercing dans la peau.

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Gadha Amer : Wallpaper RFGA, 2003
(Papier peint RFGA)Acrylique et broderie sur toile, 183 x 178 cm
Collection de l’artiste, courtesy Gagosian Gallery, New York. © Adagp, Paris 2007
courtesy Centre Pompidou

Au fond trône, majestueuse une sculpture murale d’un éclat satiné, aux dorures douces et patinées de El Anatsui (Niger). Je m’approche, il s’agit de pièces de métaux récupérés et assemblés, de capsules de sodas assemblées, l’ensemble formant une parure qui attend son roi. Plus loin, sur un long panneau, une série de cinq photos blanches, en apparence mais toutes différentes, je me rapproche et je distingue un cube blanc qui semble être un bâtiment photographié à divers moments de la journée, à droite une discrète et belle ombre. Un émerveillement, il s’agit du Tunisien Jellel Gasteli et sa série qu’il nomme « éclipse n°1».

Je parcours quelques installations et je suis frappée par la liberté de ces artistes. Tous les modes d’expressions sont utilisés et mêlés, peinture, vidéo, installations, sculpture tout est bon pour faire passer un sens, un message. Le remix se niche là aussi, dans les techniques.

Je m’arrête à nouveau devant de somptueuses photos de Guy Tillim (Afrique du Sud). Le poids du malheur est presque palpable sur ces mains posées là, de cette façon, sur les épaules du petit enfant. Les couleurs sépia/gris ajoutent à la gravité mais retire le côté voyeur, c’est très beau.

Plus loin de grands éléments tissés et brodés de formes humaines tyraniques avec les drapeaux des pays puissants et dominateurs de Abdoulaye Kouché (Mali). Le discours est clair, vif, la toile est douce et le travail a du être long, c’est l’Afrique patiente et qui se souviendra.

Le très connu William Kentridge (Afrique du Sud) nous propose une vidéo de ses dessins animés.

Puis l’on s’amuse un peu avec les dessins abracadabrants de Abubakar Mansaray (Sierra Leone). Des mécaniques imaginées, avec la précision d’un constructeur de formule Un. Le paradoxe est là c’est un fou construit.

Le parcours se termine par deux sculpteurs qui recyclent des armes, l’un en fauteuil de roi fait de mitraillettes et pistolets, c’est Gonçalo Mabunda (Mozambique), l’autre avec toutes sortes d’armes ou autres métaux que son pays, l’Afrique du sud lui a fourni à la fin de l’Apartheid, c’est Willie Bester.

Je n’ai pas souhaité finir sur cette note tragique et j’ai posé mes yeux sur des photos d’un équilibre parfait. Images d’habitats ou plutôt d’abris de fortune et de leurs habitants, très dignes, dans des paysages durs mais somptueux, ce sont les photos de David Golbdlatt (Afrique du Sud).

Ces artistes méritaient cent fois d’être reconnus et remercions les trois protagonistes de cette superbe exposition. Il reste à souhaiter que nous aurons le bonheur prochain de régaler nos yeux de chacun d’eux par des expositions personnelles. Béatrice Chassepot Paris, juin 2005

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Les Portes, 2004 – 2005 (The Doors, 2004 – 2005) Installation textile avec vidéo Vue de l’installation au Kunstmuseum Düsseldorf, 2004. Photo Lothar Milatz Collection de l’artiste. Droits réservés
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