FIAC 2005

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6 au 10 octobre 2005
Porte de Versailles
220 galeries représentant 26 pays

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32ème édition de la FIAC , et dernière à la porte de Versailles, enfin !

“…..Certes, mon embarras eut été plus grave si je m’étais retrouvé perdu dans une forêt d’originalités, si le tempérament français moderne, soudainement modifié, purifié et rajeuni, avait donné des fleurs si vigoureuses et d’un parfum si varié qu’elles eussent créer des étonnements irrépressibles, provoqué des éloges abondants, une admiration bavarde, et nécessité dans la langue critique des catégories nouvelles. Mais rien de tout cela, nulle explosion ; pas de génies inconnus……….Non il ne s’agit pas d’un extrait de Beaux-Arts magazine… mais de Baudelaire évoquant le salon de 1859.

Y aurait il un éternel français, un manière française de toujours organiser des salons trop classiques, trop lisses ?

Pour cette dernière année à la Porte de Versailles toujours deux bâtiments, “six hectares (!?!) dédiés à l’art contemporain” dixit le maire de Paris, mais surtout deux ambiances : le pavillon essentiellement français profondément ennuyeux non pas pour le contenu mais du fait des galeristes français qui semblent être là malgré eux…. l’autre pavillon abritait de nombreux galeristes étrangers ou de jeunes galeries manifestant plus d’enthousiasme à présenter leurs artistes, l’ambiance y était plus conviviale sans pour autant être bouillonnante cependant.

Le contenu des deux était étonnamment équivalent contrairement au distinguo de l’année dernière moderne-contemporain classique/très contemporain, nous avions du contemporain tout court et, pour reprendre Baudelaire “pas de génies inconnus”.

Peu de sculpteurs représentés, et pratiquement pas de vidéos pourtant l’art le plus créatif de ces dernières années.

En peinture, le très grand format, le format muséal, celui que personne ne peut mettre chez soi est à l’honneur. Le grand format induit une prouesse physique de son auteur, il marque immédiatement l’esprit et même le corps du spectateur, mais il n’en demeure pas moins qu’il n’est que bluffant. Au delà du simple “bel effet”, il ne se passe bien souvent plus grand chose, pas d'”histoires” à se raconter ou à comprendre. Pour exemple je citerai Manolo Valdes chez Marlbourough, ses toiles de jute brutes sont recouvertes d’une épaisseur impressionnante de peinture à l’huile posée au couteau : très belles couleurs, mais au delà du simple effet imposant des œuvres il reste une impression de décoratif qui lasse rapidement., autrement dit ce n’est ni l’épaisseur de couche de peinture ni la taille de la toile qui donneront de la profondeur, de l’âme à une œuvre.

Saluons l’heureuse initiative de la Galerie Baudoin Lebon (Paris) qui remet à l’honneur le peintre Alain Clément en lui dédiant la presque totalité de son stand. La galerie Di Meo présente toujours une excellente sélection avec de très beaux fusains sur papier de Nunzio et deux lunes superbes en noir et blanc de Tirelli.

A noter un phénomène de plus en plus courant que j’appellerai la non-peinture ou du non-art représenté ici par Régine Kolle chez le galeriste Alain le Gaillard. J’entends par non art, un présentation graphique : sans proportion, sans harmonie colorée, sans disharmonie non plus, sans sujet précis, sans objectif, sans sens précis qu’il soit social politique ou autre mais cependant très “daté” quand même, sans gestuelle la peinture est posée maladroitement avec hésitation. Bref c’est la représentation exacte du vide de rien. Et je dois avouer qu’à ce stade du rien, cela finit bizarrement par devenir quelque chose…allez comprendre.

La galerie Daniel Templon (Paris) nous a présenté un choix intéressant et notamment un très beau Franck Stella (collages et technique mixte) grand format là aussi mais superbe dans lequel on peut “voyager” des heures durant. La galerie Patrice Trigano quant à elle nous a emmené dans l’hyper réalisme américain, si l’on aime le genre c’était très beau.

Enfin je signalerai le très bel hommage à Paul Rebeyrolle de la galerie Claude Bernard (Paris) et un regret, pourquoi en France, faut-il toujours être mort pour être connu et reconnu ? il faudra que nous en sortions un jour tout de même.

D’autres univers nous sont proposés comme la Galerie Bärtschi (Genève) qui présente avec Cornella Parker, une superbe installation d’objets en argent massif (couverts, théière sucriers etc..) aplatis et suspendus en un cercle parfait, très beau. Jennifer et Kevin McCoy nous emmène dans un hall d’aéroport sorte de tranche de vie quotidienne miniature, filmée et projetée scène par scène sur grand écran, intéressant, le passage du petit au grand format couplé avec la segmentation des scènes donnent du mouvement, on se croirait dans un film policier. La Galerie Portugaise Mario Sequeira nous présente l’étonnante installation de Ruben Ramos Balsa : petites vidéos de 4/5cm assemblées en orchestre représentant chacune un instrument.

En photo, la Galerie Polaris (Paris) présente de grands formats de Stéphane Couturier, photos d’immeubles en ravalement de Séoul, véritable œuvre impressionniste.

Autre genre encore, chez le galeriste Albert Benamou (Paris) l’univers étrange d‘Emile Morel qui utilise la technique du dessin numérisé et agrandi présenté sur verre ou sur papier avec des représentations fantastiques de chiens à ailes tenus en laisse par un petite fille blonde. Rêves et cauchemars sont mêlés. L’excellente galerie Continua nous présente une magnifique collection de masques de Pascale Martine Tayou, masques africains en verre soufflé, effet garanti : la forme reste mais le sens tout entier change.

Chez Eric Dupont (Paris) nous découvrons une tapisserie en soie brodée de Sandrine Pelletier, la soie est somptueuse, la broderie habile et le sujet, une scène de guerre épouvantable, en font un ensemble décalé avec une force rare.

Pour finir je saluerai la remarquable initiative de la Galerie Anglaise Albion avec “The Snow Show 2004 and 2006” associant architecture et sculpture à l’occasion de jeux olympiques d’hivers. Magnifiques et monumentales sculptures et installations de glaces, de neige de Kiki Smith, Anish Kapoor par exemple.

Béatrice Chassepot

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